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Sortie ski de randonnée… et cascade de glace pour ASPALA

Le 5 mars 2021

Récit de Thierry, membre du club ASPALA
Pralognan-la-Vanoise 

Du 15 au 17 janvier dernier, un petit groupe de grimpeurs de l’ASPALA est parti en Vanoise, pour s’initier au ski de randonnée… mais aussi à la cascade de glace, ce qui n’était pas du tout prévu !

Cette sortie, encadrée par Thierry (initiateur alpinisme et ski-alpinisme de la FFME), réunissait Hélène, Nathalie, Johann et Sylvain. L’objectif initial était une découverte/initiation au ski de randonnée. Les conditions météo et nivologiques du moment ont transformé cette sortie en stage multiactivités hivernales ! Retour sur cette belle sortie d’hiver…

D’emblée, il faut préciser que cette sortie a été rendue possible grâce au financement accordé par la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade dans le cadre d’un appel à projet pour le développement de la « multiactivités » auquel l’ASPALA avait répondu en 2019. Grâce à cette aide, le club a pu investir pour acquérir le matériel nécessaire à ce type d’activité et notamment des kits DVA / PELLE / SONDE.

Au programme, il était prévu une première journée de découverte du ski de rando avec exercices de recherche et sauvetage de victimes en avalanche puis, le lendemain, une montée au refuge non gardé du Col de la Vanoise avec nuit en mode « glagla » dans le duvet et, pour finir, un sommet facile dans le secteur (pointe de la Réchasse ou pointe du Dard).
La neige était bien au rendez-vous ! et pour être servis nous avons été servis ! Le premier jour de cette sortie, le domaine skiable était en mode PIDA, c’est-à-dire « plan d’intervention de déclenchements des avalanches ». Il faut dire qu’il avait neigé toute la nuit et que les précipitations des jours précédents avaient déjà fait évoluer l’indice de risque avalanche à un niveau 4 (« risque fort »). Quand on sait que pour un risque de niveau 5 on doit rester tranquillement au chaud à la maison, alors le niveau 4 constitue finalement le plus haut niveau de risque avalanche quand on sort en montagne…
La prudence est donc de mise et nous avons décidé d’attendre sagement la fin du PIDA pour aller randonner. Cela tombait bien, puisque cette première matinée était consacrée aux exercices de recherche de victime en avalanche. S’exercer à la recherche de victime en avalanche est un préalable indispensable à toute sortie hors des pistes, que ce soit pour de la randonnée à ski ou pour du freeride.

Le matériel de recherche est un triptyque composé d’un Détecteur de Victimes d’Avalanche (le fameux DVA – et non l’ARVA qui est une marque de DVA…), d’une sonde et d’une pelle. Un ou deux éléments sans les deux autres ne sert strictement à rien… en effet, imaginons que vous parveniez à détecter votre pote victime d’une avalanche avec votre DVA mais que vous ne disposiez pas de pelle dans votre sac… alors votre pote sous la neige sera bien content(e) que vous l’ayez trouvé mais moins content d’apprendre que vous ne pourrez pas le(a) dégager de la neige !
Ce qui compte dans la recherche de victime d’avalanche c’est l’organisation, parce que l’organisation c’est de l’efficacité et l’efficacité c’est de la rapidité. Lors d’un accident d’avalanche, une victime dispose statistiquement de 80 à 90% de chance de survie si elle est dégagée dans un délai de 18 minutes… au bout de 35 minutes ses chances de survie tombent dramatiquement à 35%. Tout est dit : il faut aller vite et ne pas perdre de temps !
C’est pourquoi la première phase, c’est-à-dire la localisation de la victime avec le DVA puis la localisation précise avec la sonde, est cruciale et si importante. Il faut en effet prendre en compte le temps de pelletage qui n’est pas une mince affaire et qui peut durer longtemps si la victime est enfouie profondément ou si la neige est dure.

Durant cette première matinée nous avons donc multiplié les exercices de localisation en cachant les DVA sous la neige et en prenant bien soin de brouiller les pistes… C’est un exercice ludique qui permet de se rendre compte à quel point il faut l’entrainer pour le maitriser. Pour corser l’affaire, nous sommes passés d’une recherche mono victime à une recherche multi victimes. Mine de rien ça fatigue bien !

Ce préalable validé, nous décidons de retourner sur le domaine skiable de Pralo pour voir si le PIDA est terminé et aller se promener en montagne. Ouf !! C’est fini ! Même si les avalanches ont été déclenchées, le risque avalanche reste fort et nous décidons donc de randonner prudemment sur les pistes sécurisées. De toute façon, avec la fermeture des stations, le domaine skiable s’apparente à du « hors piste » et nous sommes bien seuls ce vendredi.

Nous partons pour atteindre le secteur des Barmettes en haut de la station. « Peaux de phoque » aux skis, nous débutons notre balade tranquillement. La randonnée à ski produit un effort assez similaire à la randonnée à pied. Il faut avoir un rythme régulier.
Les virages dans les pentes raides s’effectuent en réalisant des « conversions amont ». Cela signifie donc d’avoir à réaliser un demi-tour face à la pente, avec la spatule du ski aval qui a tendance à vouloir se planter dans la neige et à déséquilibrer quand on est pas habitué… C’est une technique de base à maitriser pour l’enchainer naturellement.

Ce jour-là il neige toujours et il fait froid, nous sommes bien au mois de janvier !C’est quand même une belle journée de découverte, ou de redécouverte, pour Hélène, Nathalie, Johann et Sylvain.

Après avoir effectué quelques centaines de mètres de dénivelée nous décidons de redescendre pour profiter (enfin) de cette neige de rêve. Mais il faut d’abord « dépeauter » !

La descente est à la hauteur de nos espérances : magique ! Avec une neige bien profonde et légère… malheureusement trop rapide et en moins de 2 nous sommes déjà au pied de la station.

Maintenant nous devons décider du programme du lendemain. L’option de repartir en randonnée sur les pistes avec un risque avalanche qui n’a pas diminué n’est pas super enthousiasmante…
Je propose aux stagiaires de les initier à la cascade de glace. Ça tombe bien ! J’avais anticipé le coup en ramenant deux paires de piolet-traction et des cordes et, autre hasard bien fait, il y a une superbe structure artificielle de glace non loin de Pralo…
Après un bon apéro, un bon repas et une bonne nuit de sommeil dans notre gîte confortable, nous partons pour Champagny-le-Haut où se situe la Tour de Glace, une superbe structure d’entrainement de cascade de glace et de « dry tooling » gérée par la commune de Champagny-en-Vanoise. Cette structure fait une vingtaine de mètre, avec divers profils, et elle reproduit les conditions d’une cascade naturelle (c’est simplement de l’eau qui a gelé, nul produit additif rajouté !) mais sans l’engagement d’une cascade naturelle bien entendu !

Il fait très froid en cette matinée pourtant bien ensoleillée : -15°C au compteur ! Il va falloir faire de l’exercice pour se réchauffer !

L’escalade en cascade de glace est très proche de l’escalade en falaise : il faut faire travailler au maximum ses pieds et ne pas trop serrer ses « pioches » pour éviter de se dauber les bras. Il faut donc essayer de parvenir à un maximum de fluidité et d’équilibre sans se crisper. Un autre principe essentiel est de ne pas (trop) buriner avec les piolets mais d’utiliser au maximum les aspérités de la glace pour effectuer des crochetages qui permettent de s’économiser.

Les premiers essais ne sont pas faciles… il faut trouver ses marques. Nos 4 glaciéristes en herbe trouvent vite le rythme et enchainent de belles ascensions.

Ce jour-là nous avons l’immense chance d’assister à l’entrainement des frères LADEVANT, Louna et Tristan de leur prénom. C’est-à-dire la crème de l’élite mondiale de la cascade de glace en compétition… Tout simplement impressionnant et beau à voir ! Louna Ladevant n’est rien moins que vainqueur de la coupe du monde et champion d’Europe 2020 de la discipline, à l’âge de 19 ans seulement… et son frère fait régulièrement des podiums au niveau international. D’une humilité aussi haute que leur palmarès, les deux champions sont hyper abordables et c’est sympathiquement que nous avons pu échanger avec eux.

C’est donc sur cette journée parfaite que nous terminons cette superbe sortie qui nous a fait un bien fou… avec une grande hâte de pouvoir revenir en montagne au plus vite !

Un grand merci Hélène, Nathalie, Johann et Sylvain pour leur curiosité, leur grande écoute, leur attention constante et leur bonne humeur tout au long de cette sortie.