Pour un accès à la nature équitable, libre et responsable pour tous
Le 20 novembre 2020
Nous, acteurs du monde de la montagne, interpellons notre gouvernement pour demander une modification des règles du confinement actuel.
Nous sommes conscients que la situation sanitaire actuelle est très préoccupante, qu’elle nécessite des adaptations fortes et des règles collectives pour tenter de limiter au maximum la propagation du virus.
Toutefois, nous pensons que ces règles restreignent de manière beaucoup trop forte l’accès à la nature, à la pratique sportive et à la culture, et qu’elles renforcent les inégalités au sein de la population. Outre l’effet discriminant de la limitation de l’accès à la nature, cette règle produit malheureusement l’effet inverse de celui escompté, à savoir que les gens se concentrent dans des lieux à forte densité dans un rayon d’un kilomètre, alors qu’un accès élargi permettrait une meilleure application de la distanciation physique.
Le lien à la nature est bien plus qu’un simple loisir. C’est un élément essentiel de l’équilibre de l’être humain, tant sur le plan physique que psychique et émotionnel. Avec la pratique sportive, il participe ainsi à la qualité du système immunitaire et plus largement à la préservation d’un bon état de santé physique et mentale. C’est en cela une vraie question de santé publique, d’autant plus fort que contrairement au printemps, en novembre, la baisse de luminosité aggrave les déprimes et les dépressions. L’apport de la culture est également fondamental pour l’ouverture sur le monde et sur les autres, et ainsi lutter contre le repli sur soi.
Le ressourcement dans la nature est non seulement compatible avec la priorité sanitaire que constitue la lutte contre l’épidémie, mais il peut être une partie de la réponse à la crise que nous vivons, par les bienfaits qu’il procure.
Un accès facilité à la nature, à la pratique sportive et à la culture peut participer à réduire les fortes tensions et permettre d’éviter certaines situations dramatiques que cette crise génère, en améliorant de manière globale la santé des citoyens, en atténuant la détresse psychique qui touche de très nombreuses personnes. Nous voulons ici souligner l’importance toute particulière de la prise en compte du bien-être des mineurs, et des personnes déjà fragilisées, qui sont particulièrement impactés par cette crise.
Considérant tous ces éléments essentiels, un assouplissement de la règle « 1km/1h » du confinement nous parait, à ce stade, être incontournable et découler de la voie de la raison. Les règles en cours dans les pays européens à la situation sanitaire similaire nous confortent dans ce constat.
Par conséquent, nous demandons un accès à la nature, à la pratique sportive et à la culture équitable pour tous.
Nous en appelons à la responsabilisation de chacun dans la manière de pratiquer les activités de pleine nature et dans l’application des gestes barrières. Il est en effet tout à fait possible d’envisager de telles activités en respectant ces gestes indispensables ; il est également tout à fait possible de « prendre un vrai bol d’air » sans que cela conduise à l’engorgement des services d’urgences et de traumatologie : nombre d’activités de pleine nature nous semblent moins risquées que le bricolage, activité ayant connu une forte hausse pendant les confinements !
Enfin, l’expérience du déconfinement, que nous avons observé ce printemps, nous a appris l’importance de préparer la sortie du confinement à venir. Nous serons en première ligne pour sensibiliser les citoyens et les accompagner dans une reprise progressive des activités physiques et sportives en milieu naturel, notamment montagnard, en prévenant d’éventuels comportements qui seraient dommageables soit à leur sécurité, soit pour la faune, la flore et les milieux. Nous nous tenons à votre disposition pour participer à la réflexion et à la mise en œuvre de toutes mesures qui pourront aider au bien-être de tous.