Bourse expéditions
A l’initiative des plus grandes expéditions françaises (Annapurna, Makalu, Chomolonzo…), la FFME soutient l’alpinisme d’expédition de haut niveau.
Equipes légères, style alpin, haut niveau technique, découverte…, l’alpinisme continue d’évoluer.
Afin de soutenir cet alpinisme moderne, la FFME met en place pour ses adhérents, 1 bourse de 1000€ et 2 bourses de 2000€.
Le principe
3 bourses destinées uniquement à des alpinistes licenciés à la FFME, pour des expéditions d’alpinisme effectuées en amateur et hors Europe.
- 1 Bourse jeune (1000€)
Réservée à des expéditions comportant au moins un alpiniste de – de 28 ans, c’est un vrai coup de pouce pour une première expédition.
- 2 Bourses performance / ouverture (2000€)
Exploration dans des massifs peu connus, projet d’ouverture ou de répétition ambitieuse, cette bourse est destinée à promouvoir l’alpinisme de découverte.
Comment ça marche ?
- Télécharger et remplir le dossier de candidature
- Renvoyer le dossier avant le 18 mai 2019
- Tous les porteurs de dossier sont prévenus de la décision (positive ou négative) d’attribution de la bourse.
- Si le dossier est retenu, signature d’une convention entre la FFME et l’expédition
- La moitié de la bourse est versée à la signature de la convention, l’autre moitié au retour de l’expédition, dans les conditions prévues par la convention.
Les années précédentes
2017
Catégorie « ouverture » (3000 €)
Fred DEGOULET, Benjamin GUIGONNET et Helias MILLERIOUX
Objectif : Ouverture d’une nouvelle voie en face Sud du NUPTSE (7864m)
Népal ; automne 2017
Bilan : Magnifique réussite pour ce qui constitue sans doute l’une des plus belles réalisations de ces dernières années en Himalaya.
Avec l’ouverture d’une nouvelle voie en Face Sud du Nuptse (Népal – 7742m), Frédéric Dégoulet, Benjamin Guigonnet et Helias Millerioux signent l’une des plus belles réalisations alpines des ces dernières années. Un projet soutenu par la FFME.
C’est le 19 octobre à 15h que les 3 compères, renommés « le gang des moustaches », prennent pied sur la pointe Nord Ouest du Nuptse. Dans un style impeccable (pas de cordes fixes, pas de porteurs, pas d’oxygène supplémentaire), ils viennent d’écrire l’une des plus belles pages de l’alpinisme français.
2 Faces Nord des Grandes Jorasses empilées !
Haute de plus de 2200 mètres (soit l’empilement de presque 2 faces Nord des Grandes Jorasses !) avec des difficultés techniques rarement franchies à cette altitude en style alpin (certaines longueurs correspondraient à du grade 6 en glace ; à près de 7000m d’altitude…) et un engagement total, cette nouvelle voie est un véritable chef d’œuvre de l’alpinisme moderne.
Il leur aura fallu 3 tentatives, 6 bivouacs, un mental et une ténacité énormes pour vaincre ce monstre qui vient en couronnement de longues années d’expérience dans les Alpes et les montagnes du monde entier.
La descente fût épique (chutes de pierre, face qui s’asséchait…) mais au bout du compte, toute l’équipe est rentrée à Katmandhu, « rincée » mais heureuse. Les 3 compères ont mis fin à un rêve commencé il y a déjà 3 ans.
Le soutien de la FFME
Du côté de la FFME, nous sommes très fiers de les avoir accompagné tout au long de leur cheminement. Helias et Frédéric sont passés par les Equipes Nationales d’Alpinisme et leurs 3 tentatives (ainsi que d’autres projets antérieurs) ont été soutenus dans le cadre des aides aux expéditions.
Histoire de patienter avant un récit plus détaillé, on vous propose de revivre en images la tentative de l’année dernière. Pas de doute, c’est du lourd !!
Catégorie « ouverture » (3000 €)
Mathieu DETRIE, Pierre LABRE et Benjamin Vedrines
Objectif : ouverture d’une nouvelle voie dans la Face Nord Est du Pandra (6673m) au Nepal
Nepal ; automne 2017
Bilan : un beau sommet, une ligne technique et esthétique, une belle réussite… whatelse ?
Le Pandra est un sommet de 6673 mètres à l’Est du Népal, dans le massif du Kangchenjunga qui n’a été gravi qu’une seule fois en 2002 par des Danois ayant emprunté la face Sud.
L’objectif du projet PANDRA 2017 était de gravir la face Nord-Est, encore vierge et haute de 1200 mètres. Cette face a été tentée l’année dernière (2016) par une cordée japonaise qui s’est arrêtée à quelques centaines de mètres avant le sommet.
C’est après de nombreux jours de marche que le camp de base est atteint à 5150 mètres d’altitude, assez loin de la face du Pandra en raison des difficultés de progression des yaks. S’en suit une montée au camp de base avancé (5550 mètres), une montée au camp d’acclimatation (6100 mètres), un sommet d’acclimatation (6250 mètres), un retour au camp de base principal et quelques jours de repos bien mérités. L’ascension débute, la météo est idéale et la grimpe est « rapide et sereine ». Le sommet est atteint en trois jours, sans encombre « une belle voie, en glace très fine avec du grade 6 bien raide ».
Félicitations à tous les membres de l’équipe, rentrés « bien cassés mais heureux ! » de cette expédition réussie.
Du côté de la FFME, il s’agit de la deuxième réussite du mois, au Népal, d’un projet ayant bénéficié d’une bourse.
Catégorie « jeunes » (2000 €)
Johanna MARCOZ, Jeremy STAGNETTO et Jérôme SULLIVAN
Objectif : Tentative d’ouverture de sommets vierges sur le Hielo Continental (Patagonie) avec approche en Kite Surf.
Chili ; hiver 2017 / 2018
Bilan : Des conditions difficiles (c’est la Patagonie mais quand même…) qui n’ont pas rendu la tâche facile, un repli stratégique sur El Chalten avec encore des conditions pas faciles… Bref pas de succès mais une très belle expérience !
2016
Catégorie « ouverture » (2500 €)
Charlotte BARRE, Florence PINET, Mathieu MAYNADIER, Gérôme POUVREAU
Objectif : projet d’exploration et d’ouverture de big wall dans la vallée inexplorée du Kondhus au Pakistan.
Pakistan ; automne 2016
Bilan : Après les classiques problèmes administratifs inhérents à cette zone militairement sensible, l’équipe découvre des beaux murs de granite et ouvre 2 belles voies.
Gérôme POUVREAU, Florence PINET, Mathieu MAYNADIER et Charlotte BARRE sont partis cet été dans la vallée du Karakorum au Pakistan. Objectif ? Ouvrir une grande voie sur un big wall dans cette région du monde où peu de grimpeurs ont pour le moment mis les pieds. Florence PINET raconte.
Quand on convoite une expédition sur un terrain administré par le Pakistan, il faut commencer par s’armer de patience. « Le Kashmir est une région en guerre permanente. Pour obtenir le droit de s’aventurer dans le Karakorum, il y a pas mal de formalités à remplir. C’est très contrôlé et donc très difficile d’accès. Mais du coup, il y a là-bas encore beaucoup de montagnes vierges. On cherchait ce côté aventureux, ce projet où tout reste à faire », raconte Florence PINET, l’ancienne grimpeuse de l’équipe de France d’escalade.
« On voulait trouver un beau mur, un big wall, et ouvrir une belle voie dans cette région. C’était le projet de Mathieu MAYDANIER, il s’est d’ailleurs occupé de la partie administrative. Nous l’avons rejoint en cours de route », poursuit la grimpeuse.
Cinq semaines. Voilà le temps que se sont donnés les quatre compagnons de cordée pour dénicher la perle rare. Rare ? « Pas tant que ça en fait. C’est une région vraiment riche en possibilités et par la force des choses encore très peu fréquentée. C’est une belle région pour l’ouverture et le trad, c’est vraiment magique. »
L’équipe s’en est rendue compte sur place. « On a défini une zone géographique et on avait quelques photos d’un contact sur place. Mais c’est tout. On a donc passé une bonne semaine et demie d’exploration avant de grimper. »
L’équipe finit par trouver un beau mur de 400m. Ils y ont ouverts une dizaine de longueurs, qui vont jusqu’au 7e degré. « Si la région devient un peu plus facile d’accès un jour, elle deviendra assurément un spot très couru. Il a tant à faire… », conclut la jeune femme.
Catégorie « ouverture » (2500 €)
Fred DEGOULET, Benjamin GUIGONNET, Helias MILLERIOUX et Robin REVEST
Objectif : Ouverture d’une nouvelle voie en face Sud du NUPTSE (7864m)
Népal ; automne 2016
Bilan : une magnifique tentative sur un itinéraire de grande classe qui échoue à 300m du sommet.
Catégorie « jeunes » (2000 €)
Hugo DHERBEY, Hugo MAQUAIR et Symon WELFRINGER
Objectif : Répétition d’une voie rocheuse sur le Mont Ushba et ouverture d’une nouvelle variante de la traversée du mur de Bezengi.
Georgie ; été 2016
Bilan : Après une rocambolesque histoire de matériel volé puis retrouvé (!), la jeune équipe réalise la voie Beknu (2100m, Td+) en face sud du Shkhara (point culminant de la Géorgie à 5193m). Ils font ensuite une belle tentative sur la voie Myshliaev à l’Ushba sud (4710m), malheureusement stoppé par le mauvais temps.
Destination originale pour Symon WELFRINGER, Hugo DHERBEY et Hugo MAQUAIR, les trois membres d’une des expéditions lauréates de la Bourse expé FFME 2016 ! Ils se sont rendus en Géorgie, pour deux ascensions aussi majeures que singulières.
Quand on pense montagne, on ne pense pas forcément immédiatement à la Géorgie. A tord, vous dirait Symon WELFRINGER. Le jeune homme et ses deux compagnons de cordée y sont partis entre le 12 juillet et le 16 août dernier pour réaliser deux premières répétitions de voies dures en mixte et rocher.
» Pourquoi la Géorgie ? Car nous cherchions une destination qui ne soit pas trop lointaine et surtout un terrain sauvage « , explique Symon WELTINGER. Et ils n’ont pas été déçu : pas de topo, ils n’ont pu préparer leur expédition que grâce à des photos et quelques informations glanées par ci par là. » C’est que face à la voie qu’on a vraiment pu se rendre compte de ce qui nous attendait « .
Alors Symon comment se sont passées ces deux ascensions ?
» Notre expédition s’est déroulée en deux temps axés sur deux objectifs principaux. Nous sommes tout d’abord partis au camp de base de l’Ushba sud (sommet à 4710m) avec une semaine et demi de vivres dans le but de faire quelques courses d’acclimatation en d’enchaîner ensuite avec l’un de nos projets, la répétition de la voie Myshliaev (1700m, ED+).
Malheureusement, au retour de notre acclimatation, notre tente avait été fouillée et le sac dans lequel nous avions rassemblé tout notre matériel avait disparu. A ce moment, l’expédition prenait un tout autre tournant sachant qu’il nous restait à peine le matériel nécessaire pour réaliser des courses en neige, impossible donc d’accomplir nos objectifs principaux.
Après avoir prévenu la police locale et plusieurs jours d’attente, les militaires du village à proximité nous ont proposé d’aller ratisser les lieux aux alentours du camp de base. Après plusieurs heures de recherche, ils ont retrouvé le fameux sac !
Forts de cette bonne nouvelle, nous avons décidé d’aller vers notre second objectif, la voie Beknu (2100m, Td+) en face sud du Shkhara, point culminant de la Géorgie à 5193m. Après 5 jours de dur labeur, nous sommes venus à bout de cette face, et cochons la première répétition française de cet itinéraire encore très sauvage.
S’en sont suivis plusieurs jours de mauvais temps avant que nous nous motivions à retourner essayer la voie avortée à l’Ushba sud. Tout s’est bien passé malgré quelques perturbations que nous rencontrons à 600m du sommet. Après avoir franchi les dernières difficultés, nous devons faire face à un orage bien plus coriace qui nous arrose de grêle pendant plusieurs heures. Nous ne parvenons pas à atteindre l’emplacement de bivouac à temps et décidons d’engager une descente par la face en rappel (normalement la descente se fait sur l’autre versant). C’est donc sous la grêle que nous enchaînons les rappels sur de mauvais pitons… Un retour un chaotique !
Après cette aventure, nous avons pris quelques jours de break au bord de la mer Noire avant de très vite ressentir le besoin de retourner en montagne. C’est sur les pentes du Mont Kazbek à 5033m que nous finirons notre beau voyage. «
2015
Catégorie « ouverture » (2500 €)
Lise BILLON, Antoine MOINEVILLE et Jérôme SULLIVAN
Objectif : projet d’ouverture au Riso Patron, un sommet vierge de Patagonie, dont la face ouest fait environ 1200m de hauteur.
Patagonie ; automne 2015
Bilan : Additionnée de Diego Simari, l’équipe a optimisé au mieux le court et rare créneau de beau temps pour réussir la première ascension du Pilier Nord Est du Cerro Riso Patron (2550m). Une superbe réussite, nominée aux Piolets d’Or 2016.
Fin septembre 2015, une équipe constituée de Lise BILLON, Antoine MOINEVILLE, Jérôme SULLIVAN et Diego SIMARI a réussi la première ascension du Pilier Nord-Est du Cerro Riso Patron (2550m), un sommet isolé de la Patagonie chilienne. Ce projet a été soutenu par la FFME dans le cadre de ses bourses expéditions. Lise BILLON, ancienne membre de l’ENAF, nous raconte cette aventure hors du commun.
« Hasta las webas » ce sont les mots que ne cessait de répéter l’équipage du bateau de pêche « el Principe ». 11 mètres de long, moitié fibre de verre et moitié bois, faisant son chemin à travers les glaces du fjord Falcon, en Patagonie chilienne.
“Hasta las webas”, en chilien, ça veut dire en quelque sorte “on y est jusqu’au cou…”. Laissez-moi vous expliquer…
L’histoire commence en 2014, en novembre pour être précis. Et même le 15. Facile à retenir, c’est sa date d’anniversaire. Je veux dire, à celui qui s’est luxé l’épaule, là bas, sur le glacier du fond du fjord Falcon, au pied du Riso Patron, montagne du bout du monde.
A cet instant, l’usage de l’expression “hasta las webas” nous était encore étrangère, bien que nous en goutions entièrement le sens. Dix heures de marche à travers une forêt humide aux entrelacs de branches serrées et de sols mousseux, huit heures de bateau pour revenir à Puerto Eden, premier lieu de présence humaine à proximité, trois jours d’attente pour pouvoir monter dans l’unique ferry naviguant dans les fjords chiliens, et deux jours de navigation pour atteindre le médecin le plus proche et remettre l’épaule en place sous anesthésie générale. Vous commencez à comprendre ?
L’histoire continue en 2015, mais cette fois-ci en septembre. Un vendredi soir, à trois jours du départ. Nous nous portons volontaires pour célébrer les nouveaux guides.
Le lendemain, pas de repos, et malgré la gueule de bois, il nous faut plier notre campement composé de deux caravanes et deux grandes tentes, et faire nos sacs en vue du départ imminent. Redoublant d’effort, nous sommes plus ou moins prêts au moment du départ, mis à part les aliments lyophilisés qui ne sont jamais arrivés à destination.
Mais pas la compagnie aérienne, qui décide de faire grève, et sur une erreur de logistique, oublie de nous enregistrer sur notre vol de remplacement. Cela aurait si peu d’importance si il y avait des ferry en partance tous les jours depuis Puerto Natales et que la Patagonie serait réputée pour son climat stable et agréable. Mais voila, le Navimag (le ferry si vous n’avez pas compris) part le lundi et les météogrammes nous laissent deviner une bonne fenêtre météo…
L’équipe diffère quelque peu de l’année dernière. Nous troquons un Espagnol pour un Argentin. Pas de grosse différence, brun, poilu, parlant castillan (sauf que le nouveau il met des “ch” partout), seulement 20 cm de moins. Nous finissons par réussir à débarquer à El Calafate, en Argentine. Diego nous récupère et nous nous dépêchons de faire les courses. La nourriture est moins chère en Argentine. Nous jouons un peu à « Tetris » pour tout imbriquer dans la Kangoo, grimpeurs, nourriture et équipement. Et nous filons rejoindre Antoine à Puerto Natales.
Quand nous arrivons à Natales, nous sommes déjà le samedi et il nous faut encore trouver de la bâche pour la cabane, une tronçonneuse pour couper le bois, un moyen de faire de l’électricité, terminer les courses et trouver un poêle à bois pour nous chauffer et faire sécher nos affaires.
Je ne vous ai pas présenté les lieux. Ces lieux, ils s’appellent plus communément “tierra de lluvia”. Autrement dit, “terres de pluie”. 360 jours de pluie par année. Autant dire qu’il ne faut pas louper le créneau météo quand il se présente. Or, celui-ci se dessine de plus en plus clairement sur les météogrammes. Nous réussissons à être prêts à temps, une fois de plus, et nous nous retrouvons dans le ferry en partance pour Puerto Eden.
A bord, nous rencontrons le nouveau capitaine du “príncipe”. Ainsi qu’une bonne partie des gens de Puerto Eden, revenant de l’enterrement de Rigoberto, qui nous avez emmenné dans les fjords l’année dernière… Dure nouvelle.
Arrivés à Puerto Eden le mercredi, nous nous dépêchons de régler les derniers papiers. Au Chili, tout est très formel. La bénédiction du grand chef de la “armada” en poche, nous chargeons tout sur le petit bateau de pèche, pour pouvoir partir le lendemain, le jeudi. Le beau temps commençant le dimanche, et s’annonçant stable pendant 6 jours, nous ne pouvons nous permettre laisser passer cette opportunité !
Autour d’un bon repas agrémenté de moules géantes (de la taille de la paume de ma main), nous exposons nos plans aux pécheurs et leur expliquons que nous voulons nous rendre au fond du fjord Falcon. Ils se montrent très sceptiques sur la possibilité d’entrer aussi loin dans ce bras de mer. Nous sommes tôt dans la saison et ce fjord est réputé pour être remplis d’iceberg jusque tard dans la saison. Pour eux, c’est à peine si nous allons pouvoir y entrer.
Nous partons tôt le lendemain, à 8 nœuds à l’heure, il nous faut une bonne journée de navigation pour rentrer dans le fjord. La mer est calme. Quand nous arrivons à l’entrée du fjord, la tension semble monter à bord.
Chacun retient son souffle quand les premiers bouts de glaçon commencent à se détacher au loin sur l’eau. Nous venons à peine d’entrer dans le fjord qui fait 16 km de long. Plus nous avançons, plus les glaçons se font nombreux. “El Principe” a considérablement ralenti l’allure. Les bancs de glace se font plus serrés. Les pécheurs décident alors d’accoster pour partir en reconnaissance avec la petite barque que nous trainons à l’arrière.
Le verdict tombe, il nous faut construire une protection pour la coque du bateau. Nous partons à la recherche de deux longs troncs que nous installons ingénieusement à l’avant de la coque, et qui nous permettent de transformer notre embarcation en un superbe “rompe hielo” (“brise glace”). Nous reprenons notre chemin, plus lentement. Le bruit de la glace percutant la coque ne nous surprend plus désormais. Nous évitons les plus gros morceaux et repoussons les plus petits avec la proue du bateau. Mais plus nous avançons et plus la glace se resserre. Nous ne sommes plus très loin de notre objectif, mais alors que la glace devient omniprésente, les pécheurs commencent à s’agiter. La barre ne répond plus…
C’est à ce moment la que nous entendons rugir le premier “estamos hasta las webas!”. Le premier d’une longue série.
Juan, 1m90, 100 kg de bonne humeur avec une grande gueule, s’empare de la tronçonneuse et commence à découper le plancher arrière du “Principe”, afin d’accéder au gouvernail. Pendant que nous dérivons ostensiblement vers l’endroit où se trouvent les plus gros amas de glace, au grès de la marée qui se fait plus puissante à cette heure-ci, la pluie pointe le bout de son nez. Nous, nous sommes impuissants, nous regardons nos pécheurs s’activer et nous nous plongeons dans la contemplation de notre écran de smartphone, afin de trouver un plan bis.
Jusqu’à ce que Juan apparaisse et nous réquisitionne… Pour que nous le filmions ! En effet, il n’arrive pas à accéder « au problème » depuis le dessus, alors, il veut y accéder par en dessous. Et il veut pouvoir montrer les images à ses petits enfants. La scène pourrait paraître banale, si ce n’est que nous sommes entourés de milliers de glaçons. Heureusement pour Juan, à Puerto Eden, les pécheurs vivent de pèches traditionnelles de fruits de mer, et pour cela, les bateaux sont équipés de compresseurs et les marins, d’épaisses combinaisons néoprènes. Entre trois “hasta las webas” et deux blagues bien grasses, Juan se tortille pour faire passer son corps massif dans l’étroite combinaison néoprène. Avant de se glisser dans les eaux glaciales et noires. Il s’assure que nous le filmons, enfile son masque, et bascule entre deux glaçons.
Le gouvernail partiellement réparé, nous faisons demi-tour et nous dépêchons de trouver un endroit protégé pour passer la nuit. Nous tendons une bâche sur le pont avant du bateau pour nous protéger de la pluie et nous installons pour nous reposer de cette longue journée. Dans notre tête, l’horloge tourne. Nous sommes le jeudi soir, nous n’avons pas pu atteindre la vallée nous permettant d’accéder à la face Est du Riso Patron Sud, et le beau temps arrive ce dimanche. Notre plan de rechange implique une journée ou deux de marche supplémentaires… Et de changer d’objectif, nous nous rendrons au pilier Nord-Est du Riso Patron Central. Pour faire bien, il nous faudrait commencer à marcher le lendemain…
Le lendemain matin, Juan replonge sous le bateau pour terminer les réparations et nous reprenons le chemin en sens inverse, en direction de la sortie du fjord. Nous nous faisons déposer sur notre nouvelle plage. Il est déjà tard dans la journée quand nous commençons à construire notre nouvelle cabane pour nous protéger de la pluie. Nous nous fixons pour objectif de préparer les affaires et de tout terminer pour pouvoir partir le samedi vers midi. L’après-midi, touche à sa fin en ce samedi, et nous sommes enfin prêts, mais il ne sert à rien de partir, la nuit arrive. Quand nous partons ce dimanche matin, le beau temps est déjà bien installé.
Trois jours de marche à travers une jungle épaisse et humide, puis sur un glacier, nous serons nécessaires pour rejoindre le pied de la paroi. La troisième journée n’a pas commencé à décliner, aussi nous profitons des dernières lueurs du jour pour grimper les 200 premiers mètres et trouver un bivouac 5 étoiles sur une épaule de neige. Le coucher de soleil est loin d’être dépourvu de charme, et nous profitons de notre chance d’être là, seul au monde, loin de toute civilisation, au milieu d’une terre marquée par les vents violents, et de pouvoir contempler l’immensité du Hielo Continental Sur (troisième calotte glaciaire au monde de par sa superficie) sans un seul nuage à l’horizon depuis trois jours, et pas une brise.
La journée suivante nous réserve une belle escalade le long de plaquages verticaux fins et difficilement protégeables, le tout au soleil. Nous remontons ensuite une goulotte facile qui vient butter sur un mur vertical de 200m. Ce sera notre premier problème à résoudre. Le mur est entièrement blanc, couvert de “escartcha”. L’”escartcha” est une pellicule de neige inconsistante qui se forme sur les murs verticaux de la Patagonie, grâce au vent, à l’humidité et au froid. Il faut vous représenter ce que fait le givre en hiver, quand celui-ci forme de petits pétales bien distincts les uns des autres, mais observables à l’œil nu. L’”escartcha”, c’est ça, sauf que les pétales font la taille de la main et que son épaisseur peut atteindre un mètre ou plus. Dans cet océan blanc, impossible de se protéger. Heureusement, le vent y creuse des tunnels. Au fond d’un de ces tunnels, nous avons trouvé notre cheminement, et le rocher, affleurant par endroit, nous a permis de trouver quelque protection à placer.
Cette longueur nous a pris pas mal de temps, alors que nous avions bien avancé dans la journée. Quand nous arrivons en haut de celle ci, la nuit est déjà bien entamée, et nous sommes bien déçus quand nous nous apercevons qu’il n’y a pas de place pour faire un bivouac. Nous avons le choix entre continuer de nuit ou faire un rappel vers ce qui nous semble un emplacement de bivouac en contrebas. Nous choisissons de descendre. L’endroit n’est pas optimal mais fera l’affaire. Nous taillons des marches dans la glace, et après avoir emménager nos couchettes, nous nous activons pour faire fondre de la neige pour pouvoir manger. La nuit est glaciale et nous sommes tous pressés de nous mettre au chaud dans nos duvets. Les lyophilisés engloutis, nous nous apprêtons à nous installer lorsqu’un mugissement sonores se fait entendre:
“NOOOOO! No! La puta que lo pario!”
Croyez-moi, aucune traduction n’est nécessaire. Diego venait de perdre son sac de couchage. Après Antoine, qui au matin avait perdu son matelas de sol, et Jérôme et moi qui partagions le même duvet, nous nous retrouvions en sous équipement de couchage. Avec une température nocturne avoisinant les -15 degrés Celsius, on peut aisément comprendre le désarroi de Diego.
Là, je crois que nous pouvons encore dire que nous en avions “hasta las webas”.
Nous cotisons tout ce que nous avons en plumes ou en doudounes pour tout laisser à Diego, afin qu’il se fabrique un duvet de fortune, le tout maintenu par un sursac. Je crois qu’il a tout de même passé une nuit fort peu agréable, à remuer ses doigts et ses orteils, se remémorant des histoires sordides de gelures et d’amputations de phalanges.
Heureusement pour lui, il devait être aux environs de 2 heures du matin, et, nous situions en face Est, aux premières loges des premières apparitions du soleil.
Nous nous réactivons le lendemain matin, et Diego n’a pas gelé. Il ne nous reste qu’à remonter l’arête de neige finale, qui nous semblait débonnaire depuis le bas. Étrangement, nous y passons pas mal de temps. Aucune difficulté ne s’oppose à nous, bien que l’arête se révèle beaucoup plus raide et effilée qu’escomptée. Nous avançons en nous protégeant, de corps mort en corps mort. Quand nous arrivons sous le champignon sommital, nous sommes confrontés à un dévers monstrueux.
Non, les difficultés n’étaient pas finies… Le mur qui se dresse devant nous est déversant et se termine par un toit. Un tunnel naturel semble le traverser en un endroit, mais y accéder semble compliqué. Nous tirons alors un rappel pour rejoindre un mur, vertical celui-ci, de neige inconsistante, mais où le vent a creusé de large cannelures où se devine de la glace dans le fond. Nous remontons une de ces cannelures, entourés de ces pétales de givres géants. A l’arrivée de cette longueur nous ne sommes plus que à quelques mètres du sommet. Le plateau sommital nous offre une vue incroyable à 360 degrés, en cette cinquième journée de beau temps consécutif. Au loin se distingue le sommet du Fitz Roy, le Lautaro, plus haut sommet de la zone, le San Lorenzo et enfin le Cerro Murallon, où nous avons était il y a 3 ans, muraille imposante de granit au milieu de cette étendue glacée.
Nous nous attardons un peu au sommet et quand nous attaquons la descente, le soleil commence à décliner et les couleurs s’avivent de tous les côtés. Nous descendons par une autre arête. Celle ci est entièrement faite de champignons de neige, ce qui rend la descente complètement psychédélique.
Nous descendons exclusivement sur corps morts et rebondissons de champignons en champignons. La nuit nous rattrape ainsi que le vent et les nuages. Ca y’est, la fenêtre météo est en train de se fermer. Nous en avons bien profité mais il nous faut continuer à descendre. Les deux derniers rappels ne nous laissent pas le choix que de descendre sur des pieux à neige à moitié enfoncés dans une neige trop dure pour faire un corps mort et trop meuble pour faire des lunules.
Il est à nouveau aux alentours de 2 heures du matin quand nous atterrissons dans la rimaye, complètement frigorifiés. Ici, à l’abri du vent nous nous sentons bien et décidons de manger quelque chose de chaud avant de reprendre notre chemin. Les pieds au chaud et l’estomac plein nous font reprendre les esprits. La première zone de glacier que nous devons traverser est minée de crevasses, il nous apparait alors peu sage de s’aventurer dans ce terrain dans le brouillard à trois heures du matin, complètement fatigués.
Si l’un de nous passe dans une crevasse, nous ne résisterions pas très longtemps au froid. Nous nous installons donc dans la rimaye, sous d’énormes blocs en suspension, tel une bonne dizaine d’épée de Damoclès pour nous accompagner pour la nuit. Nous calons Diego entre nous pour lui apporter plus de chaleur dans son duvet de fortune et nous glissons dans un sommeil bien mérité.
Le lendemain nous commençons à revenir sur nos pas dans le brouillard. Les plus optimistes prétendent qu’en une journée et demie nous serons de retour à la plage. Il nous faudra deux jours, en réalité, interminables pour regagner le confort précaire de notre cabane à moitié achevée.
Nous revoilà sur « el Principe », en train de manger les coquilles Saint-Jacques fraichement sortie de l’eau, à la petite cuillère. Ca n’est pas une mince affaire, croyez-moi de les sortir intactes de leurs coquilles, sans déchirer la chaire. Mais au bout de la dixième, nous commençons à avoir le coup de main.
Alors que je balance une autre coquille vide par dessus mon épaule, j’aperçois les montagnes au loin se détachant sur un ciel décidément toujours bleu. Tout s’est enchainé si rapidement, nous avons l’impression d’avoir était catapulté là-bas.
Apres plus de deux ans d’attente pour parvenir en haut de ce sommet, avoir « bouclé » l’affaire en une dizaine de jours nous semble bien irréel, presque dérisoire. J’ai du mal à croire que nous y étions, il y a si peu de jours.
Je demande à Juan si en septembre la météo et toujours au beau fixe ici dans les fjords, si c’est la meilleure période de l’année. Il me dit que non, que cela fait 20 ans qu’il n’a pas connu un mois aussi bon, avec autant de soleil. Je regarde les montagnes, puis le ciel bleu, et je me dit que nous avons vraiment été privilégiés.
Catégorie « ouverture » (2500 €)
Mathieu DETRIE, Julien DUSSERRE, Pierre LABRE et Mathieu MAYNADIER
Objectif : Ouverture d’une voie sur le sommet vierge du Nampai Gossum (7321m).
Népal ; automne 2015
Bilan : les conditions particulièrement sèches de cet automne au Népal n’ont pas permis de réelles tentatives sur la ligne envisagée. En lot de consolation : l’ouverture d’une belle goulotte sur le Dzasampatse (6293m).
A l’automne 2015, une équipe d’alpinistes français (Mathieu DETRIE, Julien DUSSERRE, Pierre LABRE et Mathieu MAYNADIER) sont partis au Nepal pour tenter la première ascension du Nampai Gosssum (7321m). Les conditions de la montagne en ont décidé autrement. Récit de cette aventure aidée par la FFME dans le cadre des bourses expéditions.
15 Septembre 2015, nous voici de retour à Katmandou. Nouveau projet et nouvelle équipe. Si Jérôme n’a pas pu se joindre à nous pour cause de concours, c’est Julien DUSSERRE qui fera parti de l’aventure. Mais la grosse nouveauté, c’est Julie et Clément, deux « aventuriers caméramans » qui nous suivront tout au long du voyage pour essayer de faire un film sur l’alpinisme, ou plutôt sur l’himalayisme !
Le Népal, ravagé par un tremblement de terre six mois plus tôt, nous semble bien calme quand nous débarquons dans « Thamel », le quartier touristique de Katmandou, habituellement si animé. Nous retrouverons cette impression tout au long de notre voyage, même dans le Khumbu. Il faut absolument revenir ici, le pays est toujours aussi beau !
Une fois les formalités administratives et la « mascarade » au ministère du tourism accomplies, nous ne traînons pas, et c’est un jour après notre arrivée que nous nous envolons pour Lukla, point de départ de tout voyage dans le Khumbu.
L’expédition est prévue en 2 parties. La première consiste à nous acclimater en réalisant un trek de 12 jours, qui nous amènera à monter progressivement en altitude. Nous sommes en autonomie, avec trois porteurs, qui nous aideront notamment à transporter le matériel nécessaire pour le film.
C’est parti, nous remontons la vallée de l’Everest, nous passons au Cho-La , descente et petite pause à Gokyo, puis le Renjo-La, où nous passons une nuit à 5400m. Nous basculons dans la vallée de Thame qui se prolonge jusqu’au Nangpa-La, tout près de notre objectif.
Ici, à Aria, nous retrouverons notre équipe népalaise, composée de notre guide, des deux cuisiniers et des yaks-mans qui dirigent les 18 yaks qui acheminent notre matériel. Il nous faudra encore deux jours de marche jusqu’au camp de base, que nous installerons à 5200m dans une prairie presque idyllique !
Cette première étape s’est plutôt bien passée. Tout le monde se sent en bonne forme. C’est positif car nous pourrons monter rapidement en altitude pour finir notre acclimatation. Alors bien sur, nous avons trouvé l’ensemble des montagnes bien sèches lors du trek, ce qui laisse présager une mousson bien faible.
Il fait beau et chaud depuis 15 jours. Cette situation un peu particulière n’arrange pas les conditions de notre projet qui semble bien sec. Mais nous gardons espoir car nous avons près de 20 jours au camp de base et notre expérience nous fait penser que les conditions peuvent quand même changer et s’améliorer.
L’immédiat est de rapidement monter dormir à 6200/6300m pour finir cette phase bien pénible et compliquée qu’est l’acclimatation. Rien ne semble évident pour ce projet et après un échec sur la face Sud du Dzasampatse, pour cause de montagne bien sèche (encore une fois !), nous choisissons de grimper sur l’arête Sud du Jasemba. Nous avons peu d’information sur celle-ci, juste qu’elle a déjà été gravie à l’aide de cordes fixes.
Notre idée est de contourner une tour très raide par la gauche pour rejoindre ensuite l’arête proprement dite. L’approche jusqu’au col est déjà pénible dans les éboulis et les moraines instables, mais le bivouac idéal au col nous fait oublier les efforts de la journée. A 6h, nous décollons pour voir la suite et essayer de traverser pour contourner cette tour. En traversée diagonale, nous prenons rapidement du dénivelé mais toujours impossible de trouver un passage dans cette muraille déversante située au dessus de nous.
Nous continuons avec l’espoir de découvrir un passage, mais il faut se rendre à l’évidence, à 6300 m, on n’arrivera pas à contourner cette fameuse tour. Sur cette face ouest, à midi, comme des débutants, nous attaquons les rappels. Sous les chutes de glace et de pierres. Nous retrouvons le sol quatre heures plus tard. Comme quoi, des années d’expériences ne suffisent pas à éviter des erreurs aussi basiques que ça ! Les choix et les prises de décision ont des conséquences considérables en alpinisme, et nous en faisons les frais.
Dans une autre vallée que celle de notre camp de base, nous décidons de passer la nuit et de trouver un passage pour retraverser le lendemain.
De retour au camp, bien fatigués par ces journées éprouvantes, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Notre objectif principal, la face sud-ouest du Nangpai Gosum 2 s’est considérablement asséchée et envisager une tentative dans ces conditions nous semble vraiment dangereux. De plus, notre routeur météo nous annonce une période assez perturbée, mais avec peu de précipitations, ce qui ne suffira pas pour améliorer notre problème.
Il faut se rendre à l’évidence, nous ne pourrons pas tenter ce projet, auquel nous pensons et que nous préparons depuis presque un an.
Le mauvais temps permet à tout le monde de réfléchir sur ses envies et ses motivations. Se dessine donc deux équipes : Julien et Mathieu iront tenter une goulotte, repérée par Pierre, dans la face nord du Dzasampatse et Pierre et Mémé tenteront une nouvelle voie dans la face sud–ouest du Nangpai Gosum 1.
S’en suit de longue journée au camp, à base de lecture, de jeux de cartes mais aussi de quelques films !
A quelques jours de notre départ, un créneau météo semble se dessiner. Cependant, il paraît très court et aussi incertain sur la quantité de précipitation. Nous décidons quand même de partir, chacun vers son objectif respectif.
Avec Julien, nous plantons la tente au pied de notre objectif. L’idée est de partir très léger, avec un tout petit sac et d’essayer de sortir dans la journée. Nous n’avons que peu de connaissances sur cette goulotte que nous n’avons observer que furtivement.
Le soir est quand même prévu un point avec Pierre et Mémé, qui sont, eux aussi, au pied de leur montagne. Leur projet, plus ambitieux, leur demanderait au moins 2/3 jours de grand beau temps. Sur cette montagne, un peu de neige peut rendre la face dangereuse et la progression plus compliquée. A 18h, la nouvelle tombe, en raison des conditions météo annoncées, ils décident de renoncer à leur projet. Leur plan est finalement de déplacer leur tente au pied de la goulotte, pour en tenter l’ascension le lendemain de la notre.
A 6h, nous sommes dans la première longueur, une belle cascade de glace de 60m. Que c’est bon de grimper enfin sereinement ! S’en suit une alternance de pentes de neige et de longueurs de glace vraiment jolies. Plus on monte, plus on devine la suite, et on se dit que l’on va enfin arriver à prendre pied sur un sommet !
Du mixte, des longueurs raides, finalement tout y passe et nous retrouvons le plaisir de grimper avec un sac léger !
Il est 15H30 quand nous débouchons sur l’arête. Le sommet, quelques mètres plus haut, ne sera pas pour aujourd’hui car la descente jusqu’au camp de base est encore longue et nous n’avons rien pour bivouaquer. C’est un beau moment, même si c’est loin de notre objectif initial, nous sommes heureux d’avoir passer une belle journée de montagne.
Les rappels et la désescalade s’enchaînent quand même bien, malgré la nuit qui nous rattrape. Nous sommes bien entamés et la confection des lunules et autres relais s’en ressent, nous ramons… Nous quittons le baudrier vers 20h et il nous reste plus que quelques heures pour rejoindre le camp, qui malgré quelques errements sera atteint vers 22H. Apres 17 heures d’effort, ce n’est plus vraiment la faim ou la soif qui vous appelle mais inexorablement votre duvet !
Le lendemain, Pierre et Mémé parcourront la goulotte en un temps canon. A 13h ils seront au camp de base.
Finalement, malgré les conditions délicates et la frustration de ne pas avoir pu essayer notre projet qui semblait vraiment majeur, nous sommes satisfaits, d’avoir quand même pu grimper une belle goulotte, dans cette expédition qui restera compliquée sur tous les points de vue.
Catégorie « jeunes » (2000 €)
Emile DUPIN, Antoine ROLLE
Objectif : ouverture de 2 voies, l’une sur la face ouest du Huaraca (5 437m) qui est encore vierge, et l’autre sur la face ouest du Quesillo (5 600m) et répétition de la voie Simpson- Yates au Siula Grande (6 300m).
Bilan : des problèmes de santé ne permettent pas aux 2 alpinistes d’atteindre leurs objectifs. Ils ouvrent néanmoins une jolie ligne en face sud du Mururata (5869m) et repartent avec une solide première expérience !
Dans le cadre des Bourses Expé jeunes 2015, la FFME a soutenu l’expédition d’Antoine ROLLE et Emile DUPIN. S’ils ont buté à trois reprises sur l’objectif de base, ils reviennent en France avec de solides accomplissements. Et de belles images…
L’objectif était annoncé pour les deux jeunes alpinistes : ils visaient la Cordillère Huayhuash au Pérou. Les conditions les ont contraints de se rabattre sur un autre objectif, non moins prestigieux : la face sud de l’Illimani (6438m) en Bolivie.
Mais il n’est pas dans les habitudes des deux jeunes gens de se précipiter : » N’ayant aucune expérience en termes d’acclimatation, nous avons décidé de prendre notre temps « , raconte Antoine. Au programme, de la rando d’abord (mais dans les Andes on peut accéder à plus de 5000m d’altitude en ne quittant pas les sentiers) et quelques sommets accessibles. La Tête du Condor (5648m) et le Huyana Potosi dans les environs de la capitale, La Paz, » le sommet emblématique de la cordillère Real, proposé par toutes les agences de trekking. Son accès est très simple et l’ascension se fait en deux petites journées. Cette première expérience à 6000m s’est très bien passée pour nous « , commente le jeune homme.
Une ouverture pour parfaire leur acclimatation
Puis les choses sérieuses ont commencé pour les deux grimpeurs. » Pour parfaire notre acclimatation et en guise de premier objectif d’ouverture, nous sommes allés en face sud du Mururata (5869m). Ce sommet est sauvage car il est dans l’ombre des deux 6000m voisins, le Huayna et l’Illimani. «
Un premier objectif de taille et une première croix : » Les difficultés sont constituées de trois longueurs délicates en glace (5 max), et le reste, de belles pentes à 65°, quelques fois dans une neige très inconsistante. Malgré le mauvais temps et quelques batailles avec les spindrifts, un superbe coucher de soleil nous attendait pour notre arrivée au sommet. Le nom de cette petite voie est « Love City » TD+/90°/IV/400m. «
Un objectif final qui tourne court…
Après quelques jours de repos à La Paz, les deux alpinistes rejoignent le pied de la face tant convoitée. » Mais dès le départ, Emile ne se sentait pas très bien. Après une bonne pause, nous décidons de faire l’approche pour bivouaquer non loin de la face. Nous espérions qu’Emile se requinque durant la nuit. Le lendemain, rien de mieux… voire pire, impossible pour lui de faire cinq pas sans vomir. Malgré les superbes lignes vierges qui nous tendaient les bras, nous sommes redescendus et rentrés à la ville. But 1. » Emile avait finalement contracté une salmonellose.
Puis c’est au tour des conditions de leur jouer des tours, » ensuite la météo n’a pu nous permettre, avec de la neige et 100km/h de vent, de retourner en haute montagne… Le créneau pour l’Illimani était passé. But 2. «
… mais une belle fin d’expé tout de même !
» Après ces échecs, nous sommes rentrés au Pérou quelques jours plus tôt. Nous avons tout de même grimpé plusieurs jours sur une superbe falaise à 4h de Lima. Yuracmayo est un secteur calcaire perché à 4600m offrant de magnifiques longueurs du 5 au 8b+ d’une trentaine de mètres. Nous nous contenterons de petits bijoux entre 6b et 7b+, murs, colos et concrétions sont au rendez-vous. «
2014
Catégorie « ouverture » (2000 €)
Lise BILLON, Jeremy STAGNETTO et Jérôme SULLIVAN
Objectif : ascension de la face ouest du Pyramide Peak ainsi que d’autres ascensions dans le massif des Revelations Mountains.
Alaska (USA) ; Mars – Avril 2014
Bilan : Ouverture de 2 magnifiques voies. L’illiade (TD+, 900m) sur un sommet vierge, baptisé le Mont Boucansaud et L’Odyssée (6b, A1, M7, 1100m) en face Ouest du Pyramid Peak.
Catégorie « ouverture » (2000 €)
Jonathan CRISON, Helias MILLERIOUX et Rémy SFILIO.
Objectif : Ouverture d’une voie sur un des sommets du Boktoh
Népal ; Novembre 2014
Bilan : Ouverture d’une très belle goulotte, Nyunchutui et la snow cougar (WI5+, M5, 1500m) en Face Nord du sommet vierge du Boktoh Central (6076m).
Catégorie « jeunes » (1000 €)
Fred DEGOULET, Benjamin GUIGUONNET, Helias MILLERIOUX et Robin REVEST
Objectif : Ouverture d’une nouvelle voie sur la Face Ouest du Siula Chico (6265m) dans la Cordillère Huayhuash.
Perou ; Mai 2014
Bilan : Objectif atteint pour cette superbe ascension d’un très haut niveau technique ! La voie se nomme Looking for the Void (M7, WI6, R, 900m). Une des trés belles réalisations de 2014 !
2013
Catégorie « ouverture » (2000 €)
Jérôme PARA, Pierre LABBRE, Mathieu MAYNADIER et Mathieu DETRIE
Objectif : ouverture d’une voie dans la Face Sud du Gauri Shankar (7134m).
Népal ; Septembre – Octobre 2013
Bilan : Après une acclimatation et une approche difficiles dans une météo très perturbée, les 4 alpinistes saisissent in extremis un bon créneau météo qui leur permet cette superbe réalisation dans une face très impressionnante. Assurément, une des grosses réussites de 2013.
Catégorie « performance » (2000 €)
Helias MILLERIOUX, Damien TOMASI et Rémy SFILIO.
Objectif : Répétition de la voie slovaque sur la face sud du Denali (6190m) en Alaska.
USA ; Mai – Juin 2013
Bilan : Une acclimatation difficile pour Damien, qui doit rentrer en France après un début d’œdème, n’empêche pas Helias et Rémi de réussir leur projet en 7 jours. Ils signent là l’une des rares répétitions de cette voie qui reste un étalon de la difficulté en alpinisme.
Catégorie « jeunes » (1000 €)
Jérémy VESSAIRE, Nicolas HONEGGER et Lucas FIORESE
Objectif : Traversée intégrale Est-Ouest de l’arête du Bezengi Wall (12 km d’arêtes entre 4800 et 5200m) dans la partie centrale du Caucase.
Géorgie ; Août –Septembre 2013
Bilan : Les quantités de neige très importantes et les risques d’avalanche associés font vite renoncer à leur projet initial les 4 alpinistes. Ils se rattrapent avec des jolies courses autour (notamment, la sauvage traversée N-S du Sapanien Tau). Une expédition riche d’enseignements et de rencontres pour ces jeunes alpinistes.
2012
Catégorie « ouverture » (2000 €)
Antoine Bletton, Pierre Labbre, Mathieu Maynadier et Sébastien Ratel
Objectif : ouverture d’une nouvelle dans la Face Sud Ouest du Latok 2 (7150 m.)
Pakistan ; Mai – Juin 2012
Bilan : bénéficiant d’un minuscule créneau météo, l’équipe réalise leur projet avec l’ouverture de cette superbe voie, le 05 juin. Une des très belle réussite de 2012.
L’expédition, soutenue par la FFME, composée de Mathieu MAYNADIER, Antoine BLETTON, Pierre LABBRE et Sébastien RATEL, a réussi une belle première sur la face Sud Ouest du Latok 2 (7150m) au Pakistan.
Les membres de cette expédition (soutenue par la FFME, dans le cadre des bourses expéditions) nous livrent leurs premières impressions à chaud…
Ce matin 12h, toute l’équipe est de retour au camp de base.
La semaine passée, le mauvais temps a persévéré, nos alpinistes ont dû se contenter d’une seule une nuit à 5800m pour achever leur acclimatation.
Samedi 9h, un SMS du routeur météo leur annonce une fenêtre de beau temps pour deux jours. Malgré une acclimatation limitée, l’équipe bondit sur l’occasion. Ils partent en urgence bivouaquer au pied de la voie.
1re journée
Départ à 6h et grosse désillusion à 20h : la vire repérée du bas est bien trop étroite, ils vont devoir passer la nuit assit à même la glace et pour pimenter tout ça, la neige tombera toute la nuit. Tous s’accordent à dire que leur prochaine nuit sera inévitablement au camp de base.
2e journée
Il en faut plus pour briser la motivation de ces montagnards. Tout le monde redémarre. Les lames de piolets grincent, de très grandes longueurs de dry les acheminent vers 18h au bivouac à 6800m.
3e journée
Il ne faut pas trainer le mauvais temps ne devrait pas tarder, réveil à 2h oblige.
À 14h, l’équipe est au pied de l’arrête sommitale.
Marcher dans une neige profonde à 7000m est un véritable supplice : 4h de bartasse pour seulement 100m de dénivellation !!!
18h : tout le monde se retrouve au sommet, pas le temps de se réjouir ; ils entament de suite les 2000m de descente. Après une quarantaine de rappels, à 10h ce matin ils sont de retours au pied de la voie, il reste encore deux de marche avant de s’effondrer au camp de base.
Ils sont très heureux d’être allés au bout du bout pour arracher cette ouverture à ce joli 7000.
D’ici 3 à 4 jours, les porteurs seront de retour, inutile de trainer au camp de base, ils fuiront au plus vite.
Catégorie « performance » (2000 €)
Aymeric Clouet, Christian Tromsdorff et Patrick Wagnon
Objectif : Répétition Flamme éternelle à la Tour de Trango (6280 m), répétition de la voie historique française sur la Tour de Mustagh (7273 m), ouverture dans la face ouest du Gasherbrum 4 (7925 m)
Pakistan ; Mai – Juin 2012
Bilan : Des conditions météo difficiles ne permettent pas à cette équipe pourtant expérimentée de mener à bien leur projet. Ils réussissent quand même l’ascension du Sapo Largo (6120m.), sommet méconnu du Pakistan.
Catégorie « jeunes » (1000 €)
Helias Millerioux et Robin Revest
Objectif : Répétition de la voie Yougoslave en Face Sud de l’Aconcagua (6960 m.)
Argentine ; Décembre 2012
Bilan : La voie prévue trop sèche, Helias et Robin s’offrent le 15 décembre, une jolie répétition de la voie française dans cette même face sud de l’Aconcagua en 3 jours.