Romain Desgranges met un terme à sa carrière
Le 27 février 2020
Cela fait bien quatre mois que je pèse le pour et le contre concernant l’arrêt de ma carrière, que je me questionne. Et finalement, je me décide. Les facteurs qui ont fait pencher la balance sont nombreux, ils tiennent autant de mon ressenti que de mes blessures et contre-performances », explique Romain Desgranges.
L’année 2019 a en effet été compliquée pour l’ex-leader mondial de difficulté. Se lancer dans le combiné olympique fut une aventure éprouvante. « J’ai fait ce choix avec l’objectif de bousculer un peu mes habitudes à l’entraînement. J’avais besoin de renouveau. Mais une blessure au dos m’a handicapé à ma reprise en début de saison. Le temps de me remettre et j’étais déjà en retard sur une saison extrêmement complexe à aborder en raison de la densité des compétitions imposée par la préparation à l’épreuve du combiné », confie le champion.
Puis, quelques jours avant les Championnats du monde, Romain Desgranges se blesse à nouveau, au genou cette fois. « J’enchaînais entre douleurs de blessures persistantes à l’entraînement et blessures de reprise. Quand tu essayes d’amener ton corps là où il ne veut pas, il t’envoie des signaux assez radicaux. »
Romain Desgranges essaye alors de changer de technique, de trouver des solutions pour s’entraîner autrement. « Mais rien à faire, je n’ai pas réussi à aller là où je le voulais, c’est-à-dire sur des podiums internationaux. »
Et, pour cet ancien leader mondial, faire de la figuration en équipe de France n’a absolument aucun intérêt : « C’est aussi ça qui m’a aidé à prendre ma décision : je ne me suis pas arrêté de grimper, je grimpe encore tous les jours, mais je n’arrivais pas à mettre ce petit plus qui est nécessaire à l’entraînement et dont on a besoin pour le haut niveau. Je n’ai pas envie de ternir ma passion, juste pour faire des compétitions. Comme je le dis souvent, l’équipe de France n’est pas une agence de voyage. Si je pouvais me relancer dans les compétitions avec le niveau de faire des podiums internationaux, j’irais à fond. Aujourd’hui je sens que je n’ai plus les capacités de le faire. Inutile d’insister pour me blesser encore. »
Mais le propre d’un champion, c’est bien de repartir, de ne jamais rien lâcher. Pour la suite, le Chamoniard a en effet des projets plein la tête. Sa première résolution sera de profiter de ce début de semi-retraite pour se reposer et s’habituer à cette nouvelle vie. Voilà 25 ans qu’il se réveille avec un seul objectif : être au top niveau mondial. Désormais, tout va changer, et cela nécessite un petit temps d’adaptation.
Mais Romain Desgranges l’assure : « Ce n’est pas une page qui se tourne ou un chapitre qui se clôt. J’ai grimpé, j’ai fait des compétitions, j’ai participé à des finales, je me suis encore plus entraîné, je suis monté sur des podiums et j’ai gagné des compétitions. Aujourd’hui je vais grimper encore tous les jours, car j’en ai le temps, mais en savourant cette différence entre grimper et s’entraîner. Et puis, je vais prendre le temps de construire la suite comme il faut, car je compte bien continuer à vivre de l’escalade, de ma passion. L’entraînement et la compétition représentent toute ma vie. Je vais donc tâcher de rester proche de l’équipe de France, même si ce n’est pas moi qui ai les chaussons aux pieds. L’aventure continue ! »
En ce début de retraite sportive, Romain Desgranges tient à remercier profondément toutes les personnes qui l’ont soutenu durant ces 20 dernières années et qui ont participé au fait que cette aventure soit aussi belle. « La liste est longue, des milliards de mercis pour tout ce qu’ils m’ont donné. »