Pratiquer le canyonisme
Le canyonisme est un sport de nature qui se pratique dans un environnement spécifique. L’activité s’inscrit dans la tribu des sports à sensations.
Il consiste à descendre un thalweg pouvant se présenter sous forme de torrents, ruisseaux, rivières, gorges (plus ou moins étroits, profonds); avec ou sans présence permanente d’eau et pouvant présenter des cascades, des vasques, des biefs et des parties sub-verticales.
Il exige une progression et des franchissements pouvant faire appel indifféremment à la marche en terrain varié, la nage en eaux calmes ou vives, les sauts, les glissades, la désescalade, la descente en rappel et autres techniques d’évolution sur corde.
Cette discipline impose de posséder un matériel adapté, par exemples : vêtements isothermes, descendeur, cordes, harnais, casque de protection et la maîtrise de techniques spécifiques liées à la variabilité du milieu naturel
Le succès de l’activité auprès du grand public est surement lié à son caractère ludique et à son apparente facilité d’accès…
Le canyonisme
L’activité s’inscrit dans la tribu des sports à sensations… La règle du jeu en canyonisme est simple. Parcourir, le plus souvent de l’amont vers l’aval, des sites dénommés canyons, clues, cascades, défilés, rious, gorges, vallons, rivières, ruisseaux ou combes, en alternant marche, nage, escalade, descente en rappel, sauts et glissades.
La pratique du canyonisme est cependant exigeante en technique et en équipement. Le milieu dans lequel le sportif évolue s’apparente à un réel « terrain d’aventure en montagne ». Comme pour la totalité des sports de montagne, la maîtrise et l’utilisation d’un matériel spécifique et des techniques de progressions adéquates sont un facteur important de sécurité.
Cette activité, si elle reste certes accessible à tous, ne doit pas faire oublier qu’elle fait évoluer ses pratiquants dans un environnement de montagne où certaines consignes de sécurité ne doivent en aucun cas, être négligées.
Environnement
Découvrir le cahier technique « Cours d’eau encaissés et pratique du canyonisme », résultat d’une réflexion commune et pluridisciplinaire, ayant pour objectif de développer de nouvelles approches de gestion partagée.
Un peu d’histoire
Les premiers explorateurs de canyon apparurent à la fin du XIXème siècle. Au départ, ces aventuriers n’étaient autres que des chasseurs et des pêcheurs téméraires. Pour eux, arpenter ces gorges ne représentait qu’un moyen différent de se rendre vers leur proie.
Armand Jamet fut le précurseur des expéditions de canyon, il descendit en 1893 le canyon de l’Artuby au Verdon. On n’ose imaginer le matériel utilisé à cette époque !
L’exploration des canyons il y a plus d’un siècle, n’étaient en effet, pas une mince affaire. Le matériel précaire, l’histoire et la mythologie n’ont rien fait pour arranger les choses… Les grottes et les rivières souterraines véhiculaient une peur et une appréhension de ces lieux secrets et mystiques. Rares furent les explorateurs qui eurent le courage de s’aventurer dans les méandres des rivières. Inutile de parler de baudriers, de descendeurs, de bloqueurs ou d’autres équipements indispensables aujourd’hui pour la pratique du canyonisme. L’équipement se résumait donc à une corde fruste et à une planche de bois. De leur assemblage était née une balançoire rudimentaire, permettant aux aventuriers une incursion dans le monde des canyons.
Si aujourd’hui le profil du canyon conditionne le mode de progression, il n’en était pas de même il y a encore quelques années. La conquête des canyons fut réalisée avec les moyens du bord… De lourdes échelles de spéléologie, des barques de bois, des bateaux et plus tard des canoës… Alors, chapeau bas pour nos ancêtres.
Canyonisme en conditions hivernales
AVERTISSEMENT
« Je ne sais pas que je ne sais pas »
Nous constatons depuis quelque temps que certains canyonistes poussent leur pratique bien au-delà de l’été, jusqu’à des conditions purement hivernale, ce qui veut dire en présence de neige, glace avec de l’eau en mouvement et des températures potentiellement négatives.
Nous tenons, par cet avertissement, à informer les éventuels pratiquants des risques encourus.
En effet, il est malheureusement fort possible de ne pas imaginer les risques auxquels on peut s’exposer, tant ils sont nouveaux par rapport à l’été et plus importants qu’en alpinisme hivernal.
Nous ne nous attarderons pas sur les risques bien connus en canyonisme et alpinisme hivernal (avec la neige et les avalanches, la glace…) mais sur ceux spécifiques au canyon hivernal.
Notre objectif est avant tout d’informer pour décider en connaissance de cause et donc surtout de ne pas chercher à s’exposer : PRENDRE CONSCIENCE.
Les pièges du canyonisme en condition hivernales
Côté avalanches
En plus de l’accès et du retour, les risques d’avalanches sont très élevés dans le canyon :
- Le canyon est un collecteur naturel d’avalanches
- Les nombreuses contre pentes d’allure anodines peuvent déclencher des petites coulées qui seraient négligeables en alpinisme ou en ski de randonnée mais potentiellement mortelles pour une cordée engagée dans le canyon
- Ces contre pentes sont la plupart du temps d’orientations diverses, elles n’ont pas le même ensoleillement (ni la même température) que le fond du canyon. Leur purge est donc très difficile à anticiper.
- Il faut penser aussi aux possibilités de rupture d’embâcle…
Côté cascade de glace
Côté glace, on évolue dans un milieu avec de nombreuses structures de glace suspendues et plus ou moins bien accrochées. L’évolution de ces structures est complexe :
- Attention, contrairement à certaines idées reçues, les baisses marquées de température fragilisent la glace et provoque des ruptures / effondrement.
- Bien sûr, l’élévation des températures entraînant la fonte de la glace peut occasionner des chutes également, attention aux diverses expositions par rapport au soleil selon les flancs de la montagne et les horaires…
Évoluer sur et sous ces structures demande déjà une grande expérience de la cascade de glace. Mais ce n’est pas suffisant :
- La coexistence eau liquide / glace (situation que le grimpeur de cascade de glace fuit comme la peste) accentue la fragilité des cascades de glace et autres stalactites, les risques d’effondrement, chute de glace sont multipliés.
- La rupture de cloches fragiles lors de descente en rappel risque de provoquer un blocage / emprisonnement sous-glaciaire et noyade.
Autres risques spécifiques
- Vasques siphonantes avec murs de neige et glace fragile infranchissables. Piège par excellence : impossibilité de sortir, noyade, épuisement.
- Vasques « couscous » (remplies de glace pilée). Grande difficulté de franchissement, mauvaises conditions de nage, épuisement.
- Planchers de glace fragiles au-dessus de vasques. Risque d’emprisonnement sous-glaciaire / noyade.
- Ponts de neige fragiles. Risque d’emprisonnement sous-glaciaire / noyade.
- Blocs de glaces flottants. Risque de chute sur équipier en aval.
- Relais inaccessibles (sous la neige / glace ….)
- Cordes gelées. Difficulté à descendre en rappel (surtout pour les grandes verticales), faire et surtout défaire des noeuds, faire des « manip » …
- Matériel gelé (mousquetons bloqués …), inutilisable. Comme pour les cordes ci-dessus, ce sera d’autant plus important que les températures deviennent très négatives.
- Fonte de neige/glace. Crue brutale
Vasque profonde
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Sans oublier
- L’hypothermie est encore plus problématique, de même que l’exposition aux gelures.
- L’accessibilité des secours est plus compliquée
- L’engagement, la difficulté de s’échapper, sont encore davantage marqués
- Les journées sont courtes
- Nécessité de disposer et de savoir utiliser un matériel spécifique (piolet, broches, crampons)
Et l’environnement
Il faut aussi penser au milieu naturel potentiellement plus vulnérable, à préserver !
Première conclusion
Le canyonisme en condition hivernale est une activité à part entière, il se situe au confluent du canyonisme et de l’alpinisme hivernal ; il en cumule tous les risques et en ajoute d’autres bien spécifiques.
Même si les connaissances du terrain du canyon en condition estivales sont absolument nécessaire pour se repérer elles sont largement insuffisantes et il est extrêmement dangereux se fier à cette mémoire ! TOUT EST À RECONSIDÉRER !
Les prises d’informations actualisées sur chaque passage du canyon (d’échappatoire en échappatoire) sont indispensables afin de ne pas s’envoyer dans un piège trop risqué.
La pratique hivernale requiert, au-delà des compétences initiales (canyonisme, alpinisme, cascade de glace, nivologie), des compétences techniques particulières et spécifiques.
Nous espérons qu’avec davantage de conscience, l’éventuel pratiquant saura ne pas se mettre dans des situations par trop délicates pour ne pas dire irréversibles voire dramatiques.
Ici, plus que nulle part ailleurs les prises d’information, l’expertise et l’art du renoncement sont de mise.
Note technique réalisée par Norbert Apicella, Antoine Pecher et Jonathan Crison de la Direction Technique Nationale de la FFME, avec la collaboration de Pierre Delery.
Pratique du canyon hivernal - Le point de vue des équipes de secours
L’éventualité d’une demande de secours en canyon de pratique hivernale impose aux équipes professionnelles chargées des opérations de secours des contraintes et conditions d’intervention très spécifiques.
Une demande de secours en canyon hivernal c’est :
- Du matériel spécifique, des équipements, des lots de sauvetage canyon à disposition et prêts au départ hors période de pratique parfois même alors qu’un arrêté préfectoral a « fermé » l’activité.
- Une approche topographique complexe, modifiée. Voies d’accès et échappatoires impraticables, risques avalancheux à évaluer et relais inaccessibles.
- Une météo de conditions hivernales et des journées plus courtes. Alerte retardée, possibilités de secours héliportés restreintes, caravanes terrestres lourdement chargées de matériel de progression glaciaire. Une typologie d’accidents très spécifique, rupture de cloches à glace ou de plancher avec emprisonnements sous glace.
- Températures négatives et milieu humide : matériel de progression et de sécurité inutilisable, mousquetons gelés, cordes gelées avec gaine de glace, crochet du treuil de l’hélico gelé.
- Opérations de longue durée, grosse consommatrice de ressources humaines.
Pour la victime, l’accident en canyon hivernal c’est
- Des conditions climatiques difficiles, voire extrême, de froid d’humidité parfois nocturnes.
- Le risque majeur d’hypothermie qui aggrave les lésions traumatiques et met en jeu rapidement le pronostic vital.
- L’obligation fréquente de mise en place d’un point chaud avant toute évacuation, voire pour attendre le lever du jour.
- La prise en charge des impliqués non blessés afin de ne pas majorer le nombre de victimes en hypothermie.
- La protection même des personnels de secours contre l’hypothermie et le sur-accident.
- Les gestes techniques médicaux sont difficilement réalisables, le matériel, perfusions et médicaments gelés.
Les pratiquants de ce type d’activité doivent être informés de ces contraintes, des délais d’intervention et des dangers auxquels les personnels engagés vont être exposés. Les temps d’intervention, les conditions du milieu hostile, les délais d’évacuation très prolongés sont facteurs d’aggravation majeure des lésions présentées avec très souvent une mise en jeu du pronostic vital.
Note technique préparée par la commission secours en montagne de la FFME avec la collaboration des services opérationnels de secours canyon et du Dr S. Lantelme médecin du secours en montagne. 05/12/2016
Avant de partir en canyon
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En canyon
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De manière générale
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Leptospirose
La leptospirose est une maladie grave, parfois mortelle, responsable de plusieurs centaines de cas par an en France hexagonale et dans les départements et collectivités d’Outre-mer, où elle est un problème de santé publique important.
La leptospirose est causée par des bactéries, des leptospires, qui survivent facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination.
L’homme se contamine par contact de la peau lésée ou d’une muqueuse avec de l’urine d’animaux porteurs de l’infection ou avec un environnement (eau douce, terre humide) contaminé par cette urine. Les personnes pratiquant des activités de loisirs en eau douce sont donc potentiellement à risque vis-à-vis de la leptospirose.
Outils d’aide à la décision
Cet outil a été conçu pour inciter tous les pratiquants (du débutant au diplômé) à prendre du recul et s’obliger à se poser un certain nombre de questions, afin de ne pas être victime des circonstances et du jusqu’auboutisme.
Le but est : davantage de conscience et de sécurité. Et savoir renoncer !